Pourquoi je ne suis plus (strictement) végétalienne après 6 ans et demie



Parce que j'écoute mon corps

Lorsqu'on est végétarien ou végétalien pendant un certain temps, c'est une facette de votre vie qui devient presque un facteur d'identité. Plus que quelque chose qu'on fait, c'est quelque chose qu'on est. Je crois de plus que les personnes comme moi qui combattent l'anxiété au quotidien sont enclines à mettre en place des systèmes d'auto-défense et de protection partout dans leur vie et qu'elles ont tendance à se diriger vers des systèmes de croyances (religieuses ou non). Cela peut être incroyablement rassurant de reconnaître ses valeurs dans celles d'un mouvement qu'on peut rejoindre et au sein duquel on peut se sentir bien.

Contrôler ce qu'on a sur son assiette pour mieux gérer d'autres aspects de sa vie. A en oublier parfois les besoins réels qu'on peut ressentir. 

J'ai toujours eu un rapport compliqué à la nourriture. Entre les phases de malbouffe intense et celles où je ne mangeais plus que des pommes, jusqu'à ce moment où j'ai commencé à me renseigner sur l'origine de nos aliments.

Je suis toujours convaincue qu'un mode de vie basé majoritairement sur les végétaux est ce qu'il y a de mieux pour la santé, pour les animaux et pour l'environnement. Je suis reconnaissante pour tout ce que mes recherches de ces dernières années, les lives écrits par des médecins spécialisés en nutrition, les documentaires informatifs sur les dangers des produits d'origine animale etc. m'ont appris.

Mais voilà, durant chacune de ces phases, ce qui a un peu manqué, c'est un rapport intuitif à la nourriture.

Je sais que les envies ne signifient pas forcément qu'il y a un besoin (sinon beaucoup de gens auraient tous des gros besoins en matière de chips et de chocolat) mais écouter son corps est essentiel. Et quand on constate qu'on ne l'a jamais vraiment fait, cela devient presqu'un devoir d'apprendre à devenir un mangeur intuitif. 

De plus en 2018 avec la déminéralisation des sols et une qualité des aliments de plus en plus déficiente, il est très difficile de savoir ce que contiennent vraiment nos repas en termes de vitamines et de minéraux. Il en devient d'autant plus important d'écouter notre corps et ce qu'il demande.




Parce que j'ai dit stop au perfectionnisme

J'ai une tendance au perfectionnisme dont j'ai pleinement conscience et qui peut être dangereuse. Là où d'autres se disent "je dois faire plus d'efforts", moi, je me martèle continuellement ces derniers temps qu'il faut que je ralentisse.

Parce que paradoxalement, je rate plein de choses et j'essuie plein d'échecs à force de vouloir tout bien faire.

J'a parlé de perfectionnisme dans un de mes derniers articles. Je me soigne, j'ai fait de grands pas mais j'ai toujours besoin d'être vigilante.

Certes à première vue, le perfectionnisme ne semble pas entrer en ligne de compte concernant l'alimentation végétalienne. Je l'avais même expliqué dans un article- c'est un type d'alimentation qui est à la portée de tous et pas si compliqué que les gens pensent. 

Mais il n'en reste pas moins que cela peut représenter une sacrée charge mentale. En voulant veiller constamment à un apport correct en nutriments, en calories, à équilibrer mes repas, à planifier tout ce qui est repas en-dehors de la maison... à force, lorsqu'on a déjà une tendance à "vouloir trop bien faire", cela peut devenir malsain.

Je suis sensible à la cause animale, environnementale, à la famine, .... mais ma santé mentale est ma priorité absolue. Sans elle, rien ne fonctionne.

Parce que la communauté vegan m'a dégoûtée

En commençant par le fait qu'on se fait insulter si on consomme du miel, je dois dire que la façon dont certaines personnes auto-proclamées vegan parlent aux personnes ayant un autre mode d'alimentation me rebute vraiment. 

Finalement c'est un peu comme la Révolution française: on vise liberté, égalité, fraternité, et on aboutit à la Terreur.

Vouloir avoir un impact positif sur cette planète, cela devrait aussi passer par la bienveillance, l'indulgence, la compréhension. 

Je comprends très bien le fait de vouloir "donner une voix à ceux qui n'ont pas de voix" - de vouloir revendiquer haut et fort non seulement la protection mais aussi les droits des animaux - mais j'ai du mal à me rallier à un mouvement qui fait aussi mal passer son message en adoptant, parfois, des attitudes sectaires et franchement hostiles.


Parce que toute restriction alimentaire isole

Autant les commentaires des personnes véganes (envers moi et envers d'autres) m'ont pesé,  autant les remarques des personnes ayant un autre régime alimentaire que moi ont parfois été lourdes à porter. 

Il y a quelque chose qui se passe si vous ne mangez pas comme les autres qui pousse les gens à expliquer leur alimentation, à se justifier. J'ai toujours du mal à comprendre, mais quand j'étais à la même table avec des omnivores, ce n'était pas moi qui leur disais qu'il fallait qu'ils arrêtent de manger de la viande (et je ne le ferai jamais), c'était EUX qui m'expliquaient en long et en large pourquoi ils mangeaient de la viande, parfois de façon très agressive (alors que je n'avais absolument rien demandé)

J'ai aussi été choquée par le nombre de personnes qui ont commencé à ne me parler QUE d'alimentation, à m'envoyer des articles pour me "renseigner", à me réduire purement et simplement au véganisme. Par la condescendance de quelques-uns. J'en ai eu ma dose, à vrai dire.

Bien sûr, j'ai aussi plein de proches et de connaissances qui ne m'ont jamais fait aucune remarque et ont toujours été très cool et tolérants.

Mais pour une personne ayant déjà à la base de l'anxiété sociale, cela peut poser un gros  problème d'être la cible de certaines remarques .

Je ne compte plus les repas dont je me suis volontairement abstenue pour ne pas essuyer les sempiternelles remarques, mais aussi parce que je savais que je serais "condamnée" encore une fois à manger de la salade verte. J'aime bien la salade, hein, mais non, pas si c'est tout le temps a seule option.

Il n'y a rien qui rassemble autant les gens qu'une bonne tablée. Et même si je suis très fière (et continuerai à l'être) d'inviter es amies pour des brunchs 100% végétal), je sais aussi que je ne vois plus mon avenir à devoir m'expliquer en permanence, à être traitée comme un extraterrestre.

Ce qui nous mène aux restaurants et aux voyages. Je l'ai déjà dit, mais beaucoup de restaurants utilisent toujours les ingrédients "classiques"  donc ne sont pas vegan-friendly pour un sou. 

A chaque fois qu'on me dit que l'alimentation végétale est restrictive, je dis non....sauf dans les restaurants et quand on voyage. Nous vivons, malheureusement, dans une société qui utilise les produits d'origine animale absolument dans TOUT.  C'est pour cela d'ailleurs qu'un gâteau (pour ne donner qu'un exemple) qui est vegan-friendly, c'est qu'il est VEGAN, c'est-à-dire qu'il a été fait volontairement. Sinon il y a 99% de chances qu'il y ait des ingrédients d'origine animale dedans.


Parce que je veux éviter les produits transformés autant que possible.

J'ai remarqué au fil du temps que, tout en consommant le plus frais et le plus fait-maison possible, je consommais tout de même un certain nombre de produits transformés visant à subvenir à mes besoins et aussi à compléter certains repas qui sinon ne seraient pas équilibrés. 

J'en suis arrivée à la conclusion que soit on mange 100% végétal mais alors on n'échappe pas à certains produits transformés - soit on mange aussi naturel que possible - mais alors on ne mange plus exclusivement des plantes. 

Le concept du whole foods, c'est ce qui m'intéresse le plus. Manger le plus possible comme on mangerait si on ne disposait pas de toutes ces usines qui fabriquent de la "nourriture". 

Je préparerai toujours des galettes végétales, du fromage végétal artisanal, etc. avec passion mais je préfère désormais utiliser un peu moins de nourriture transformée, quitte à ne plus utiliser des aliments 100%  plant-based.  Dans la foulée, je voudrais aussi réduire les emballages plastiques.

A cause de mes enfants.

C'est probablement le point de cet article où certains se diront: "Ah, finalement, elle a pris conscience que le régime végétalien n'est pas bon pour les enfants!"

En fait, non. Je trouve toujours assez amusant que les parents qui s'informent un maximum sur les nutriments, les toxines, cuisinent sain etc. se font plus attaquer que ceux qui nourrissent leurs gamins aux Kellog's et aux Happy Meal.

Il est tout à fait possible d'être en très bonne santé en étant végétarien ou végétalien, à tous les stades de la vie, cela a été dit et répété par de nombreux médecins et associations fiables.

Ceci dit,  comme je l'avais déjà expliqué sur ce blog, mes enfants ne sont en aucun cas vegan et ne l'ont jamais été.

Si je dis que c'est à cause de mes enfants (en partie) que je ne suis plus végétalienne aujourd'hui, c'est qu'une espèce de contamination a eu lieu: En voulant garder le plus d'ouverture possible pour leur alimentation à EUX, j'ai aussi automatiquement été plus en contact avec les ingrédients d'origine animale. En essayant toujours de les éviter. Jusqu'à remarquer que cette ouverture que je voulais pour eux, jusqu'à un certain point, je la voulais aussi pour moi.



Je tiens à dire que je ne suis toujours pas d'accord avec l'exploitation des animaux à laquelle j'essaie de contribuer le moins possible.

Les cris de la vache à qui on a enlevé un énième petit (après l'avoir inséminée de force encore et encore sur le charmant raping rack) juste pour que l'homme puisse se "servir" de quelque chose qui était destiné à ses petits vont me hanter pour toujours. Ce scénario est vraiment à l'image de la cruauté humaine.

Par ailleurs, je me sens toujours le plus en forme en consommant un maximum d'aliments à base de plantes.

En 6 ans et demie, j'ai énormément appris , mon mari a tellement évolué que c'est lui, plus que moi, qui insiste toujours pour donner des règles d'alimentation à a cèche et au foyer pour que nos enfants mangent le plus sainement possible.

J'ai toujours prévu d'inviter mes amies pour des dîners ou des brunchs 100% végétal. Parce que c'est possible et que c'est délicieux.

M'ouvrir à nouveau à d'autres horizons tout en tirant profit de la richesse de connaissances diététiques et culinaires énorme que j'ai acquise en ces 6 ans et demie, voilà où j'en suis aujourd'hui.

Comme toute personne, je suis en cheminement, en évolution constante. J'ai réalisé que je n'ai pas besoin d'avoir toutes les réponses tout de suite, que je peux essayer, me gourrer, et que les zones grises sont permises.

J'ai d'ailleurs constaté que finalement, en me "privant" pendant toutes ces années, je ne ratais pas grand chose. Je trouve la glace à la vanille d'origine végétale meilleure que celle à base de lait de vache, et le chocolat noir est toujours le meilleur chocolat selon mes goûts. Un jour peut-être vivrons-nous dans une société où l'exploitation animale ne sera pas présente partout, y compris dans nos assiettes.

Je suis et resterai passionnée de cuisine 100 % végétale mais voilà, je peux très bien me passer d'une étiquette, finalement. 

1 commentaire:

  1. J'espère faire partie des gens qui n'exercent aucune pression tout en étant d'avis différents, dans la plupart des domaines (tous?), parce que je crois qu'une conversion de par l'extérieur n'est pas possible. Donc, au fond, rien n'a changé, sinon que la pression que l'on se fait à soi-même a été réduite grâce à une prise de conscience provenant de soi uniquement et qui mène à une meilleure qualité de vie en réduisant un stress évitable. Vive la vie imparfaite dans un monde imparfait, mais en voie d'amélioration (espérons-le) tikoun olam, disent les Juifs.

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