La vie secrète d'une introvertie

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Il y a beaucoup de malentendus et de croyances erronées autour de l'introversion. La meilleure façon de découvrir si on est réellement introverti c'est de vous demander ce qui vous donne ou vous prend de l'énergie. 

Un introverti a besoin de passer beaucoup de temps seul pour se ressourcer, se retrouver et se recentrer. Certes nous avons tous besoin de petits moments pour nous, mais ce besoin est exacerbé chez les introvertis et il surpasse le désir de passer du temps avec les autres. Cela  ne veut pas dire qu'on est tous des ermites ou des asociaux. C'est juste que notre source d'énergie principale se trouve dans la solitude. Les soirées, les coups de téléphone, les réunions...ce n'est pas que cela nous dérange en soi, et cela  peut même selon le cas sacrément nous faire plaisir. 

Pendant le confinement, j'ai trouvé cette citation en ligne:

 « En tant qu'introvertie, mon mode de vie ne change guère durant le confinement. Je n'ai juste plus besoin de trouver d'excuses pour esquiver les obligations 

Dans monde auquel nous sommes accoutumés, on est habitués à être toujours en connexion, toujours en mouvement, dans des projets, et surtout beaucoup tournés vers l'extérieur et vers l'autre

Et c'est très bien ainsi. 

Mais c'est un mode de fonctionnement qui a du mal à se faire à des contraintes qui entravent contacts et projets et surtout qui bloquent l'accès au monde extérieur.  Il va donc sans dire qu'une personne déjà plutôt tournée vers l'intérieur (vu que c'est littéralement ce que le mot introversion veut dire) aura beaucoup moins de mal à devoir rester dans sa bulle et à se ressourcer à l'intérieur de soi, à être coupée du monde. Le besoin de solitude étant plus prononcé que le besoin de lien avec l'autre.

Alors que je réfléchissais sur la situation actuelle et ce qu'elle impliquait pour les uns et les autres, l'occasion était donc toute trouvée pour partager mes petits secrets d'introvertie.

Secret n° 1 : J'emprunte souvent des détours au lieu d'utiliser la ligne directe.

 Si c'est possible, je vais toujours préférer envoyer un mail plutôt que de passer un appel. C'est moins pratique, souvent plus compliqué, cela peut inviter des malentendus - mais peu importe, si je peux communiquer par écrit plutôt que de vive voix, cela me procure toujours un soulagement certain.

D'ailleurs, il m'arrive (souvent) de ne pas répondre au téléphone. Ce qui pour beaucoup de gens est un automatisme est pour moi une décision mûrement réfléchie. D'ailleurs quand je décroche, souvent, je retiens ma respiration comme si je m'apprêtais à  plonger dans un bassin d'eau froide.  

Secret n° 2 : J'apprécie les petits moments de tête à tête avec moi-même.

Que ce soit pour lire, pour écrire ou juste pour rêver. Et j'ai besoin de les marquer (physiquement ou du moins mentalement) tout comme je marquerais un rendez-vous, du temps pour les enfants, pour des copines... Si je ne respecte pas ce besoin, mes batteries seront très vite à plat et je n'aurai plus grand chose à donner de ma personne.

Il se peut qu'il s'agisse tout simplement d'un besoin humain... il n'empêche que ce besoin est chez moi très aigu, et se ressent comme une urgence les semaines où mon agenda est trop rempli et que le mot solitude sonne comme un oasis dans le désert.

Secret n° 3: Je me sens toujours un peu moins seule quand je détecte un autre introverti. 

Lorsqu'on sort dans le monde en tant qu'introverti, on a parfois l'impression que les extravertis sont partout, et on peut vite sentir la pression de groupe (qui n'existe pas que chez les adolescents, il faudrait croire) et se voir considéré comme un extraterrestre. Et avoir l'impression que c'est à nous de faire un effort, de nous ouvrir, de ne pas être difficiles. Voilà pourquoi réaliser que les introvertis sont peut-être plus nombreux qu'on pourrait le croire, et ni plus ni moins anormaux que les autres, eh bien cela fait carrément du bien.

Secret n° 4: 
Je préfère largement les petits comités aux grands rassemblements.

Les appels à plusieurs tout comme les réunions à plusieurs mettent  mon cerveau en ébullition et me provoquent de l'anxiété - je préfère vivement parler à une seule personne à la fois. Il existe beaucoup de situations dans la vie où un plus grand nombre de personnes peut apporter un plus grand nombre de bienfaits. Toujours est-il qu'un introverti verra plus de stress et de confusion qu'autre chose dans l'idée de rassembler beaucoup de personnes en un seul endroit ou de les faire participer à une seule et  même conversation.

Plus on est de fous, plus on rit (the more the merrier)  est une expression n'a pas vraiment de sens pour un introverti. Rajouter plus de personnes à un groupe équivaut pour moi au stress de devoir concilier toutes ces énergies qui convergent et qui se croisent, de devoir dépenser beaucoup de ma propre énergie aussi, du même coup.

Dans le même ordre d'idée, l'expression "tous sous un toit" peut facilement me provoquer  une crise de panique. Voilà. C'est le genre d'aveu qui n'est pas facile parce qu'à priori, l'espèce humaine est très communautaire depuis toujours, on fonctionne par tribus, par bandes, par clans. Je sais aussi qu'il existe la nostalgie d'une époque où 3 générations ( ou plus! ) vivaient ensemble sous un toit. Mais je ne peux rien y changer, j'aurais beaucoup de mal à me sentir bien avec trop de personnes réunies sous un toit et pour une période prolongée.

Secret n°5: Je ressens le poids du collectif.
Souvent, je vis tout ce qui est collectif comme une charge, qui peut peser trop lourd. Je trouve qu'on vit dans une société à l'intérieur de laquelle il existe une énorme pression à partager, à mettre en commun. Et comme tout se partage et tout le monde se mêle un peu de tout, il en sort un corolaire logique: Je trouve souvent les gens très envahissants.
Surtout ceux qui pensent toujours savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux.  Les limites entre les gens s'effritent et tout le monde empiète sur le terrain de tous les autres - avec la meilleure volonté du monde. Dans un monde où le collectif joue un grand rôle, on peut avoir du mal à faire comprendre qu'on ne veut pas être noyée sous les conseils, qu'on ne veut pas l'aide derrière laquelle se cache une immixtion difficile à vivre pour une personne qui met toujours l'introspection à la première place.

3 commentaires:

  1. Merci pour cet article dans lequel je me reconnais totalement. Je me suis souvent sentie incomprise car mon souci de plaire , mon besoin d'être aimée me font adopter des comportements de "gentille" alors que je me ressens sauvage. Ceci fait que les gens se font une fausse idée de moi. Bien sûr j'assume maintenant ma vraie personnalité car j'ai pris de l'âge mais cette marginalité me pèse parfois. Vous exprimez avec justesse ce que ressent l'introverti(e).

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  2. une charge, qui peut peser trop lourd?

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