Ma prise de conscience littéraire




J'aimerais te parler aujourd'hui d'un sujet très personnel: l'écriture. Plus spécifiquement: l'écriture des textes les plus intimes que j'ai pu écrire. Et d'un grand pas que j'ai fait, en juillet dernier, quand j'ai décidé, après l'avoir remanié des dizaines de fois, d'envoyer un manuscrit à un éditeur.

En amont de l'envoi de mon manuscrit,  j'avais rafistolé une petite poignée de textes, en essayant de leur refaire une beauté, de leur donner une deuxième vie surtout après la triste existence qu'ils avaient menée pendant si longtemps au fond de mes tiroirs. Pour être complètement honnête avec toi qui lis cet article, c'étaient pour la plupart des textes que je trimbalais dans un classeur depuis des années. Mon mari s'est souvent (gentiment) moqué de moi parce qu'on avait ce classeur dans le coffre de la voiture (certains textes dataient encore de l'époque où j'écrivais à la machine à écrire et je ne disposais que d'un seul exemplaire papier) pendant nos voyages tellement je n'arrivais pas à les laisser à la maison.  

Le Leitfaden de ces textes, c'est Ondine - il faut dire que ce mythe est toujours un peu au centre de mon écriture, depuis mes études. (Ce n'est pas pour rien que mon blog porte son nom, hein)

Pendant des années, ces textes ont été quelque chose de très précieux à quoi je me suis accrochée,  une façon de digérer des événements dans ma vie, j'ai écrit sur le deuil, le chagrin d'amour, le babyblues... mais ils ont aussi été, d'une certaine manière, un boulet... car aussi longtemps que je ne savais pas quoi en faire, qu'ils étaient inachevés, ils m'empêchaient de passer à autre chose.

Et puis j'avais besoin de passer ce cap de l'envoi à un éditeur, pour avoir un avis, mais surtout pour avoir l'impression que j'ai donné une chance à ces textes. Comme me l'a conseillé un de mes anciens professeurs de la Sorbonne, malgré la quasi impossible tâche de faire publier des nouvelles en France: "Il faut essayer!" 

Voilà. J'ai essayé. 

Début octobre, j'ai reçu un mail de l'éditeur pour m'annoncer que le manuscrit n'avait pas retenu leur attention. En lisant ce mail, j'ai très bien compris pourquoi.

Et j'ai eu une petite impression de déjà-vu. Il se trouve que durant mes études de lettres, je me suis beaucoup heurtée à l'attitude frano-française très rigide, très cartésienne. Je me suis souvenue que pendant un moment, l'académisme français avait même mis en veilleuse mon amour inconditionnel pour la langue française.

Je ne voudrais pas que cela arrive de nouveau. 

Si je ne rentre pas dans un certain moule, ce n'est pas grave. Finalement, aussi longtemps que je n'écris que des petits textes, autant les partager sur mon blog, les faire lire à la famille et aux amis, à toucher (peut-être) des personnes avec mes mots. De toute façon, c'est cela que j'ai toujours cherché à faire. Rien de plus, rien de moins. 

En ce qui concerne la qualité de mes écrits, d'un point de vue cartésien, je suis probablement trop éparpillée: entre les registres (j'aime passer du style familier au style soutenu et vice versa) entre les différentes langues dans lesquelles j'évolue (même si le français restera toujours ma langue de coeur) entre les différents sujets auxquels je touche et que je n'analyse probablement pas assez,

Je suis peut-être un écrivain papillon qui vole d'un texte à l'autre, d'une phrase à l'autre. Pas un vrai écrivain. Et ça me convient. 

Bizarrement, ce refus m'a fait du bien. Oui, tu as bien lu. J'ai réalisé que j'étais prête, finalement, à dire au revoir aux parties de mes textes trop immatures, que je devais à présent reléguer au passé. En revanche, à l'intérieur de ce manuscrit un peu incohérent, il reste des textes que j'aimerais partager dans l'ici et le maintenant. 

Parce que je réalise que je n'ai pas besoin d'avoir la permission de qui que ce soit, pas besoin d'intermédiaire pour partager mes mots avec quiconque voudra les lire.

Ce blog, c'est l'endroit où j'aime publier mes textes. Je fais dans le court, je ne me verrais jamais écrire un pavé de 500 pages, je suis du genre à écrire par à coups, quand l'inspiration frappe. Et j'aime partager sur le chaud également, quand c'est tout frais. Je ne veux plus, à l'avenir, garder des textes dans un tiroir ou dans le coffre de ma voiture pour les ressortir 15 ans plus tard, la vie est trop courte pour ça, et puis cela fait un peu réchauffé au micro-ondes.

A posteriori, je peux constater que j'ai fait le grand écart à vouloir concilier des sujets très personnels et les exigences d'un manuscrit. Peut-être ces nouvelles sont-elles trop personnelles et peut-être le manque total d'objectivité par rapport à mes propres textes est-il un obstacle majeur.

Mon écriture coule de source quand elle est authentique, quand je n'essaie pas d'y forcer un but, une cohérence artificielle, un projet.

Dans le domaine de l'écriture comme dans tous les autres domaines, je recherche surtout le bonheur et l'épanouissement. Et tout comme j'ai arrêté les études après avoir obtenu ma maîtrise, je ne veux pas que le stress lié à la publication d'un livre nuise à ma passion pour l'écriture.

Il y a autre chose:  en m'interrogeant sur mon identité d'auteur (Suis-je un vrai auteur? Que me manque-t-il pour l'être? Est-ce qu'il existe différentes catégories d'écrivains? Qu'est-ce qu'un écrivain finalement? etc.), j'ai toujours à nouveau atterri sur la même évidence: Je suis surtout une lectrice très assidue et ultra-passionnée.

J'ai dû me rendre à l'évidence que créer des personnages et des intrigues ne m'intéresse pas trop, finalement. A choisir, je vais toujours préférer les découvrir dans mes lectures.

La vérité que je découvre de plus en plus, c'est que j'aime surtout être un porte-parole. Une voix.
Ce qui me passionne, dans l'écriture, c'est de mettre en mots des émotions et des réalités qui me touchent. Que je parle d'adolescents, de féminisme ou de dépression, c'est en écrivant sur des sujets qui me passionnent, m'interpellent ou me chagrinent que je me sens vivante.

Et sur un blog que je range dans la catégorie des blogs "littéraires et de réflexions", quoi de plus pertinent, mais aussi quoi de plus épanouissant pour moi que de partager quelques-uns de mes textes.

C'est aussi une façon pour le papillon à plume que je suis de me canaliser plus que de me concentrer dorénavant sur mon blog.

Quand une porte se ferme, une fenêtre s'entrouvre souvent... et ma petite lucarne, c'est bien ce blog. A très bientôt!


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