Les récentes élections américaines m'ont laissée pantoise, m'ont affectée au-delà de ce que j'aurais pu imaginer. La veille des résultats j'avais la boule au ventre, un mauvais pressentiment.
En temps normal, la politique et moi, ça fait deux. Oui, je vais voter, je trouve que c'est un droit important, et tout le monde sait qu'être apolitique peut être dangereux. Mais je ne m'emballe pas pour des sujets « politiques ». En tout cas, pendant longtemps, je les évitais comme la peste, à vrai dire.
Là, quelque chose a clairement changé - le lendemain de l'élection de Donald Trump en tant que 45e Président des Etats-Unis, je me suis surtout posé une question: Qu'est-ce que je répondrai à ma fille si un jour elle me demande comment c'est possible de tenir des propos aussi misogynes, de mépriser autant les femmes par les gestes et par les paroles... et d'obtenir ensuite en guise de récompense le poste d'homme le plus puissant sur Terre?
Et j'ai réalisé que c'est là le noyau de la question de la politique et moi, le nerf de la guerre: Si je veux être au courant, tout particulièrement en ce qui concerne les droits des femmes (et des filles) dans le monde, c'est surtout pour que je puisse répondre à ma fille.
Pour ne pas rester muette devant ses questions.
Je n'aurai pas la réponse à la plupart de ses interrogations, mais je l'encouragerai à chercher elle-même ses réponses. A être fière de ce qu'elle a à offrir, et à se battre pour ses droits et pour ceux de toutes les autres femmes.
Etant actuellement enceinte de mon deuxième bébé (une fille aussi), je me sens plus que jamais appelée à défendre les droits fondamentaux des femmes. Lorsque je vois que ces droits sont bafoués, encore et encore (et aussi chez nous pas uniquement dans des pays lointains), que ce sont toujours et encore les hommes qui prennent les décisions sur ce que nous avons le droit de faire de notre corps, les hommes qui s'opposent au droit à l'avortement en invoquant le « miracle de la vie » alors qu'ils n'ont aucune idée ce que c'est que d'être une femme dans une situation d'extrême détresse, sans recours, sans aide, désespérée de se retrouver enceinte.
Je suis très heureuse d'être enceinte: J'adore sentir mon bébé bouger, élaborer mille et un projets pour ce petit être qui grandit en moi, écouter les battements de son cœur, me demander quelle bouille elle aura, si elle ressemblera à sa grande sœur. Mais je suis également extrêmement consciente de la chance que j'ai. Si je me compare aux femmes enceintes dans le monde entier, ma situation est pour le moins privilégiée: Je suis une femme blanche dans une relation stable, je dispose d'une certaine sécurité financière, je ne suis pas une victime de violences sexuelles (contrairement à bon nombre de femmes sur cette planète) et j'ai la grande chance de porter un bébé désiré et à priori en bonne santé.
Le fait que je n'aurai jamais à prendre la décision difficile de ne pas mener à terme ma grossesse ne me rend pas imperméable à l'empathie, bien au contraire: Je ressens beaucoup de compassion pour les femmes qui ne voient pas d'autre solution que celle d'avorter - encore plus étant enceinte moi-même. Je me sens connectée, liée à ces femmes, je voudrais pouvoir leur donner mon soutien. Je n'ai rien fait pour mériter d'être dans ma situation, et non dans la leur.
Le droit à l'avortement n'est qu'une des nombreuses causes féminines que je soutiens - il y en a beaucoup d'autres comme le droit à l'éducation pour les petites filles dans des pays en voie de développement ou la protection des femmes dans des situations de violence conjugale ou de maltraitance.
Au cours du siècle dernier, nous avons fait beaucoup de pas en avant, mais malheureusement nous n'avons pas échappé aux retours en arrière, par un manque d'implication, d'engagement, de vigilance, parfois, certainement, mais également en grande partie parce que les voix qui s'élèvent pour la cause des femmes, ici, chez nous, ne parlent toujours pas assez fort. Parce qu'on s'excuse presque de se dire féministes, comme s'il s'agissait d'un gros mot.
Ce n'est pas parce que je suis dans une situation privilégiée et que « je n'ai pas à me plaindre » que je vais me taire. Tant que ce seront des hommes qui prendront des décisions importantes concernant NOTRE corps, tant qu'on trouvera normal qu'une femme doive se justifier de vouloir retravailler après avoir eu un enfant, tant qu'on entendra des phrases comme « c'est un bon film, bien qu'il ait été réalisé par une femme », il sera plus que nécessaire de faire entendre nos voix.
La politique, ce ne sera jamais mon domaine, mais j'ai compris que lorsqu'on parle politique, souvent, on ne fait que traiter les grandes questions que tout le monde dans notre société devrait se poser (et pas uniquement les hommes et femmes politiques)
Utiliser le mot féministe, sans hésitation, ans honte, sans « juste un peu », ETRE féministe jusqu'au bout des ongles, ça veut surtout dire réaliser qu'on est encore très loin d'une égalité des sexes - on y arrivera un jour, avec beaucoup de patience face aux obstacles et aux retours en arrière.
Mais dans ce long combat on sera porté par ce souffle libérateur que je ressens parfois, récemment en regardant des extraits du Women's March aux Etats.Unis, cette marche gigantesque de protestation.....toutes ces femmes qui n'ont pas peur de dire « oui, nous avons des droits ».
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