Comment j'ai appris à dompter mon anxiété



D'entrée de jeu, je dois avouer que dompter est un bien grand mot, surtout quand on fait face à une créature à dix têtes qui est aussi terrifiante qu'imprévisible. Mais je peux dire avec un certain degré de confiance que j'ai apprivoisé cette chose, au point de pouvoir vivre avec.

L'anxiété paradoxalement, c'est un sujet dont on parle beaucoup aujourd'hui mais qui est toujours méconnu. Pendant très longtemps, je ne savais pas que cette agitation néfaste qui m'empêchait de vivre, d'être heureuse même au bord de la mer, devant un paysage idyllique, c'était l'anxiété. Et puis, lorsque j'ai finalement mis le doigt dessus, j'ai compris qu'elle noircissait tout, si on la laissait faire.  Qu'elle arrivait à vous faire croire que tout était laid, tout était perdu, que vous aviez tout gâché, que vous n'aviez plus le temps.

Car une caractéristique de l'anxiété, c'est de vous faire penser que si vous réfléchissez ainsi, si vous vous pourrissez tout, c'est encore de votre faute.  C'est « votre personnalité ».

L'anxiété ressemble à un petit lutin colérique et invisible,  c'est ce qui vous empêche d'être pleinement dans le moment présent, elle vous pousse à analyser, à planifier à outrance, à regretter, aussi. A regarder votre vie à la loupe et avec des lunettes très pessimistes. Les pensées négatives se bousculent et tout semble urgent et dénué d'importance en même temps.

Elle s'accompagne d'une panoplie de symptômes qui peuvent s'emparer de vous: rythme cardiaque accéléré, transpiration, difficultés respiratoires...

Le grand revirement pour moi a été le moment où je l'ai identifiée comme une maladie - me rendre compte que quand ce genre de pensées me torturaient, c'était l'anxiété qui parlait a été réellement révolutionnaire et salvateur. Si je n'étais pas ces pensées, je pouvais donc les évacuer tout en restant pleinement moi, et en recouvrant ma sérénité par la même occasion.

Comment s'y prendre alors, une fois qu'on a identifié le problème?

Voici les petits pas qui m'ont aidée (et qui continuent à m'aider) pour aller mieux:

Comprendre que l'urgence n'existe pas...

...la plupart du temps.

Ma fausse bonne idée pendant longtemps, c'était de penser que tout contrôler, être perfectionniste,  planifier à l'extrême - c'étaient des mesures nécessaires pour bien vivre ma vie. « Je dois JUSTE m'occuper de ceci et tout ira bien », c'est encore l'anxiété qui parle. Il n'y a rien d'urgent et pas de conséquences désastreuses la plupart du temps. Alors souvent lâcher prise au lieu de vouloir s'occuper de mille choses en même temps nous aide à nous rendre compte qu'effectivement, il n'y a pas le feu. Tant qu'il n'y a pas de danger réel et imminent, on peut laisser couler, parfois, surtout  ces jours où l'anxiété est très présente.

Utiliser des pensées antidote

Aussi longtemps que je me souvienne, j'ai évité les situations physiques dans lesquelles je risquais de me retrouver bloquée quelque part. Cela a toujours voulu dire prendre les escaliers même s'il y a un ascenseur et que je dois me rendre au 10e étage. Ne pas prendre le métro même si cela veut dire me taper 4 stations à pied. J'avais tellement peur de me retrouver coincée, c'était inimaginable. Et puis, grâce à Mel Robbins et sa 5 second rule, j'ai appris des astuces, comme celle d'avoir une pensée antidote prête à utiliser dans les moments critiques, pour m'y ancrer fermement. Ma phrase antidote toute bête c'est « Je suis en sécurité ». Ainsi, si jamais je me retrouve coincée quelque part ou si la peur que cela puisse arriver me monte à la gorge, j'utilise cette phrase et l'anxiété s'apaise presqu'instantanément. Cela semble presque trop beau pour être vrai, mais ça marche.

Reprendre confiance en soi

Une des racines de l'anxiété, c'est le manque d'estime de soi, donc la solution qui tombe sous le sens, c'est reprendre confiance en soi. Les enfants ont besoin qu'on leur dise avec conviction qu'on croit en leur potentiel alors qu'ils n'ont pas encore fait leurs preuves - de la même façon le fait de juste croire en soi avant de vraiment être convaincu par les faits peut nous donner des ailes et gommer l'anxiété au passage. Comment s'y prendre? J'ai fini par comprendre que la confiance en soi n'est pas un trait de caractère inné, mais une compétence qui s'acquiert et qui se travaille. Je m'y attelle donc et je vois les changements qui s'opèrent, doucement.

Repérer le mode auto-pilote

Quand il s'agit de mettre un pied devant l'autre, c'est très bien que notre cerveau connaisse le mode autopilote et qu'on n'ait pas besoin de réfléchir à ces gestes qu'on exécute machinalement jour après jour. Cependant, il est essentiel de repérer tous les moments où notre cerveau passe en mode auto-pilote par habitude - alors que cela peut être néfaste. Si on a habitué notre cerveau à emprunter des chemins négatifs il va les arpenter encore et encore jusqu'à ce qu'on lui enlève consciemment cette habitude. Les pensées négatives, c'est comme une sortie sur l'autoroute qu'on prend tous les jours, sans même y réfléchir - au début, il faudra fournir un réel effort avant de prendre des habitudes plus saines, peu à peu.

Reconnaître et combattre mes pensées limitatives

Je me suis rendue compte que dans ma vie d'adulte, mes pensées par rapport à ce qui est possible naviguaient dans un espace très restreint. Un sorte de petit monde à l'intérieur du monde, beaucoup plus petit, limité...et angoissant. Je ne sais pas quand j'ai mis en place ces limites. Mais je sais que quand j'étais enfant je voyais des horizons beaucoup plus étendus, et c'était tellement mieux.

Plus on est en contact avec le monde des adultes, plus le champ des possibles semble se réduire. Et bien qu'il y ait du bon à comprendre que les baguettes magiques n'existent pas et que tout a un prix, on a quelque chose à apprendre des enfants. Et quelque chose à LEUR apprendre aussi, pour qu'ils préservent cette confiance, pour qu'ils continuent, adultes, à croire que tout (ou presque) est possible .

Ralentir

Quand l'anxiété s'empare de moi, je suis happée par la pensée écrasante que je dois TOUT résoudre et compléter tout de suite. L'anxiété arrive parfois à nous faire croire que tout se superpose. Alors la solution peut résider dans le fait d'apprendre à poser une brique, puis une autre, à tracer son chemin doucement, sans même savoir quel sera l'édifice, sans voir ce qui se cache derrière le prochain tournant... apprendre à apprécier les petits pas, et à ralentir plutôt qu'accélérer. 

Prendre de nouvelles habitudes

- le sommeil: J'ai appris à faire une priorité absolue de mes heures de sommeil moi qui considérait toujours que c'était du temps perdu. Mais le manque de sommeil affecte tellement mon bien-être, ma productivité, mon immunité... que parfois, il prime tout simplement sur tout le reste (sauf urgence vitale)

- la visualisation:   appréhender de façon positive, je dirais presque ludique, ma semaine, ou même la journée devant moi, tout ce qui peut paraître insurmontable

- le yoga et la méditation (dont je parle plus en détail dans mon article « Pourquoi et comment méditer»)

Pour tous ceux qui ne connaissent pas l'anxiété, j'espère qu'ils pourront apprendre à être patients avec les gens, et surtout s'abstenir de conseils du genre « Il suffit de positiver!  » ou "« Va te changer les idées!  » qui n'aident vraiment personne.

Parler de l'anxiété et la prendre au sérieux, c'est déjà un premier pas vers une amélioration nette de la vie de tous ceux qui en souffrent. 


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