Quand j'ai entendu parler de la énième fusillade aux Etats-Unis, je n'ai pas pleuré. Comme beaucoup, je me sens presqu'immunisée contre les tragédies. L'empathie que je pourrais ressentir a pâti un peu de la répétition, et, oui, de la banalisation de ce genre d'événements. Ce qui a suivi était aussi redondant - toujours la même chanson: "Trop tôt, pour parler des lois concernant les armes à feu, un peu de respect pour les victimes, s'il-vous-plaît, comment osez-vous parler politique?" Normalement, tragiquement, on serait de nouveau passé à autre chose, après le respect d'un délai de silence. Sans rien changer bien sûr. Jusqu'à la prochaine fusillade.
Mais cette fois-ci, quelque chose était différent. Quelque chose qui m'a remué les tripes et qui, pour de vrai, m'a fait chialer. En l'absence des victimes elles-mêmes qui ne parleront plus jamais, ce sont les principaux concernés qui prennent la parole désormais: ceux qui restent, les survivants du massacre. Des adolescents. Qui refusent de se taire. Qui refusent que leur école soit juste un autre nom sur la longue liste des établissements "élus" par les bourreaux.
Ce groupe d'ados que j''ai découvert sur youtube m'a profondément émue et impressionnée. Pas froid aux yeux. Non, ils n'étaient pas là juste pour faire preuve d'un esprit de révolte caractéristique, pas là juste pour la provoc'. Plus matures que les adultes, en fait, par beaucoup de côtés. A cerner le problème avec une lucidité incroyable, au contraire de toutes ces "grandes personnes" aveuglées par l'argent et l'amour des armes à feu.
Les ados, ça fait 12 ans que je travaille avec eux maintenant. On peut dire que je les connais un peu.
Est-ce que j'ai déjà été confrontée à des ados bornés qui étaient convaincus d'avoir raison, tellement frustrants à ne pas écouter, à chahuter? Bien sûr! Mon rôle, c'est de leur donner des règles, de leur transmettre du savoir et du savoir-faire, et parfois aussi du savoir-vivre. Mais mon rôle, c'est aussi de les écouter.
Souvent, je les trouve plus entiers, plus loyaux et solidaires que les adultes. Au point de provoquer, au point de dédaigner le monde des adultes, au point de foncer dans un mur la tête la première...certes, mais ce côté entier des ados fait tout leur charme.
Je dis ils mais en réalité, je devrais dire tu.
En effet, quand je vois la manière dont tu es représenté dans les médias, je fais la grimace. As-tu déjà constaté que ces gens parlent de toi toujours au pluriel? Vous les ados. Tous les mêmes.
C'est pour prendre mes distances par rapport à cette approche que je m'adresse à toi, ado, et que je prends à témoin tous ceux qui me lisent. Tu es un individu. Tu importes. Et, surtout, tu n'es pas un cliché, pas inter-changeable.
C'est pour prendre mes distances par rapport à cette approche que je m'adresse à toi, ado, et que je prends à témoin tous ceux qui me lisent. Tu es un individu. Tu importes. Et, surtout, tu n'es pas un cliché, pas inter-changeable.
Oh tu peux être vraiment susceptible, tu sais, et terriblement rancunier. Mais je vois là-dedans encore, la marque d'une franchise que le monde des adultes, le monde du travail, risque bien d'abîmer, quand on devient prêt à toutes les concessions, à accepter toutes les humiliations pour notre avancement professionnel, lorsqu'on est prêt à oublier qui on est et qu'on a bien été blessé, juste parce qu'on est adulte.
Je crois que ce qui m'intrigue le plus, d'année en année, c'est de voir quel décalage il y a entre les façades et ce qui se cache derrière. Les "gros durs", ça n'existe pas, les piercings et autres couleurs de cheveux douteuses ou crânes rasés ne sont la plupart du temps que le signe d'une insécurité qui demande à être masquée. Se montrer faible, c'est dangereux, pour un ado. Alors parfois, il faut pardonner un peu de défiance, ou même de provocation, par rapport à nous les adultes.....surtout quand il s'agit de ne pas "perdre la face".
Comment je sais tout ça? Eh bien la personne que j'étais à 16 ans, je m'en souviens encore très bien. Je me rappelle ses pensées, ses insécurités, ses émotions. Et je peux te dire que, même si j'ai changé de beaucoup de façons, mûri, grandi, à l'intérieur, je suis la même personne. Je sais combien il est rageant quand les adultes ne vous prennent pas au sérieux sous prétexte que vous n'avez pas soufflé assez de bougies, que vous n'avez pas vu assez de printemps, traversé assez de galères, appris assez de leçons.
J'ai vu la vidéo de la NRA (National Rifle Association) le puissant lobby pro-armes, qui tente de convaincre les jeunes que c'est cool c'avoir une arme pour se défendre contre les méchants - et je me sens insultée pour eux, en repensant à la jeune fille que j'étais. C'est vrai, je n'avais pas Twitter, quand j'étais ado, je ne prenais pas de selfie, le monde était moins technologique et il y avait moins de distraction. Avons-nous pour autant le droit de caricaturer tous les jeunes d'aujourd'hui sous prétexte qu'ils grandissent à l'ère des hashtags? Ils ne l'ont pas choisi et ce n'est pas dans leur DNA. Leur DNA est le même qu'il sera dans 10 ans, dans 20 ans.
Comment je sais tout ça? Eh bien la personne que j'étais à 16 ans, je m'en souviens encore très bien. Je me rappelle ses pensées, ses insécurités, ses émotions. Et je peux te dire que, même si j'ai changé de beaucoup de façons, mûri, grandi, à l'intérieur, je suis la même personne. Je sais combien il est rageant quand les adultes ne vous prennent pas au sérieux sous prétexte que vous n'avez pas soufflé assez de bougies, que vous n'avez pas vu assez de printemps, traversé assez de galères, appris assez de leçons.
J'ai vu la vidéo de la NRA (National Rifle Association) le puissant lobby pro-armes, qui tente de convaincre les jeunes que c'est cool c'avoir une arme pour se défendre contre les méchants - et je me sens insultée pour eux, en repensant à la jeune fille que j'étais. C'est vrai, je n'avais pas Twitter, quand j'étais ado, je ne prenais pas de selfie, le monde était moins technologique et il y avait moins de distraction. Avons-nous pour autant le droit de caricaturer tous les jeunes d'aujourd'hui sous prétexte qu'ils grandissent à l'ère des hashtags? Ils ne l'ont pas choisi et ce n'est pas dans leur DNA. Leur DNA est le même qu'il sera dans 10 ans, dans 20 ans.
En tant qu'ado, ton opinion compte tout autant que celle d'un adulte. Tu es une personne à part entière et tu mérites d'être écouté parce que tu es toi. Si tu es un ado au moment où tu lis ces lignes que ce soit en 2018 ou en 2045, sache que je t'apprécie pour qui tu es. Même quand tu te gourres ou que tu nous exaspères, nous les adultes.