Mes modèles littéraires





Oui, oui, je n'ai pas de honte à l'admettre: ce sont un peu mes héros (et héroïnes!) Et je ne suis pas le moins du monde gênée à avouer que, pour moi, ces personnes sont de véritables amis, que je rencontre aussi régulièrement que je peux. Ce sont eux qui me motivent, qui m'inspirent, qui me donnent du courage...et, paradoxalement, la qualité de leurs textes, au lieu de me faire prendre conscience de la médiocrité de mes propres brouillons et premiers jets, n'est qu'un aiguillon, un catalyseur de créativité. Car ces textes, s'ils existent, c'est bien que quelqu'un les a tirés de son imaginaire, c'est-à-dire, de nulle part. Cela veut dire que la magie existe, qu'elle opère dans les bouquins et que je peux moi aussi être magicienne.



Alice Munro

Merci, Alice Munro, de m'avoir montré que les short stories comme je les ai toujours rêvées, ça existe. Qu'il n'y a pas de honte, pour un écrivain, à n'écrire que "du court". J'adore la densité d'un texte qui va à l'essentiel, et laisse de côté tout le reste. Je suis admirative devant les cerveaux scientifiques qui savent tout découper au scalpel, cependant, n'ayant moi-même pas un esprit très analytique, je me retrouve plus dans la synthèse, c'est quelque chose qui me parle vraiment, que je trouve poétique et inspirant.
Les recueils de nouvelles d'Alice Munro renferment plus de cohérence interne que bien des romans - tout se tient, tout est beau même quand rien ne l'est - et il n'y a pas une seule syllabe ent trop.


Jonathan Franzen

Difficile d'aimer davantage un auteur quand c'est lui qui m'a montré que, heureusement, les vrais auteurs existent encore. Ceux qui se plongent corps et âme dans l'écriture d'un roman, qui écrivent des oeuvres à la fois contemporaines et intemporelles, qui mettent la langue dans laquelle ils écrivent au service de l'histoire qu'ils racontent, qui ne restent pas à la surface. J'aime, à mon tour, plonger dans ces romans, bien qu'après une telle lecture, bien des oeuvres paraissent fades et superficielles en comparaison.

Ces personnages sont de VRAIS personnages, pas de ces créatures qui tiennent à peine sur le papier et sont encore moins imaginables dans la vraie vie. Pip, Tom, Anabel (Purity) Walter et Patty (Freedom), Denise, Gary et Chip ( Corrections) j'ai l'impression de les connaître, vraiment. Cette capacité à insuffler la vie à des personnages inventés de toutes pièces me fait penser à Balzac et à ce professeur qui, lorsqu'il avait passé trop de temps plongé dans un roman de la Comédie humaine, aurait juré avoir croisé Rastignac ou au coin d'une rue.

Les écrivains contemporains que j'admire sont bien rares, mais c'est une joie d'autant plus intense de les découvrir au milieu d'un paysage littéraire parfois bien décevant.


Marcel Proust

Pour moi, le plaisir de lire est infiniment supérieur à celui de dire "j'ai lu". Bien sûr, c'est important de se cultiver, de s'ouvrir à de nouveaux horizons, de s'instruire grâce à la lecture. Mais le "j'ai lu", dans le monde de la lecture, prend trop souvent le pas sur le "je lis".

Cette petite intro sert à te dire que je lis Marcel Proust depuis mes 18 ans, et que je prends mon temps.

Je me souviens de ma dernière année de lycée, quand mes camarades de classe s'amusaient à dessiner une cible sur le tableau noir et à tracer les mots "Tirez sur le Proust!" à la craie - pour ensuite s'exécuter en jetant des éponges sur la pauvre cible. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Proust n'était pas vraiment aimé de mes camarades de classe. Heureusement, plus tard, j'ai pu faire la connaissance d'autres proustiens inconditionnels, comme moi!

Certes, Proust fait de longues phrases, certes, il peut parler pendant des pages du goût d'un morceau de madeleine trempé dans du tilleul mais - qu'est-ce qu'il excelle à cerner la complexité de l'être humain, les relations entre les personnes, les fluctuations entre les différentes couches de la société!

Proust, par certains côtés, c'est l'écrivain que j'admire le plus (la Recherche du temps perdu, de par son envergure et de par sa perfection, est juste complètement dingue) mais c'est celui que je n'aimerais jamais être. Il a, à un certain moment de sa vie, remplacé sa vie par son écriture, s'enfermant dans une pièce insonorisée dont il ne sortait plus que pour les besoins de son art. Je suis complètement amoureuse de la littérature depuis très longtemps mais - jamais je ne sacrifierais ma vie entière pour l'écriture d'une oeuvre.

Quoi qu'il en soit, j'espère bien que la Recherche m'accompagnera encore longtemps - je sais qu'elle me réserve encore des tas de beaux moments de lecture!

"La lecture est une amitié."

Marcel Proust

Une partie 2 de cet article suivra sûrement ... même si j'évoque ici des auteurs que j'admire énormément, je suis loin d'avoir fait le tour de tous mes modèles littéraires. 



1 commentaire:

  1. Gutt ausgedréckt. Beim Proust denken ech dacks, ob hie vläicht keng aner Méiglechkeet hat, eng déif Frëndschaft opzebauen. Esou huet hien iwwert den Doud eraus Frënn, déi hien am Liewen ni hat. Den J. Franzen huet och doriwwer geschwat, wéi d'Schreiwen isoléiert vum Liewen, an dass en Auteur sech muss entscheeden, ob wat hie verzichte wëllt, op Liewen oder Schreiwen. Schéin, dass Du, Hermione, Dech dach méi fir d'Liewen entscheed hues... ;-) mais schreiwe wäerds Du dach wuel ëmmer. :-)

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