Je vous écris ce petit article depuis nos vacances familiales en Provence. Le rythme de vie ralenti, la nourriture fraîche, les grillons et le soleil nous font beaucoup de bien; et, installée confortablement, mon ordinateur sur les genoux, je pensais vous parler un peu de multi-tasking, peut-être justement parce qu'au moment où je vous écris, c'est un concept dont je suis très éloignée (ralentissement de vacances oblige). En-dehors de la période des vacances, c'est pourtant loin d'être le cas. Quoi qu'il en soit, c'est un sujet sur lequel je cogite depuis un moment déjà et non pas une simple lubie de vacances, un éloignement de la réalité du train-train quotidien.
Souvent, lorsqu’il est question de multi-tasking, on évalue le niveau de compétence en la matière: mieux on sait multitasker, mieux ça vaut. Pourquoi? Parce qu’on a tellement de choses à faire dans la vie. Parce que le temps c’est de l’argent. Parce qu’on est consommé par tous les buts qu’on veut atteindre, toutes les tâches qu’on veut accomplir.
Souvent, lorsqu’il est question de multi-tasking, on évalue le niveau de compétence en la matière: mieux on sait multitasker, mieux ça vaut. Pourquoi? Parce qu’on a tellement de choses à faire dans la vie. Parce que le temps c’est de l’argent. Parce qu’on est consommé par tous les buts qu’on veut atteindre, toutes les tâches qu’on veut accomplir.
A vrai dire, j’ai commencé à me demander si c’est encore un type de fonctionnement auquel j’aspire. Il existe cette vieille croyance que faire plusieurs choses à la fois, c'est plutôt l'apanage des femmes que des hommes - en ce qui me concerne, à bien y réfléchir, je m’orienterais plutôt du côté des enfants. Les enfants qui peuvent regarder un dessin animé des dizaines de fois sans se lasser. Et sans rien faire d'autre à côté. Qui sont tellement captivés par ce qu’ils font qu'il ne leur viendrait pas à l'esprit de le faire à moitié, d’un oeil, seulement «pendant que » ou « en même temps que » telle autre activité.
Vous me direz peut-être que c’est un luxe. Que les enfants n’ont pas de ménage à faire, pas d’appels à prendre (quoique, de nos jours…), pas de rendez-vous à fixer ou de délais à respecter. Bien qu'il y ait du vrai là-dedans, je n'en aspire pas moins à plus ressembler aux enfants. A m’octroyer le droit de ne faire qu’une chose à la fois, et de la faire avec plaisir, concentration, passion (selon le cas).
Dans plus d’un contexte, je suis d’avis également que pratiquer le multi-tasking revient à un manque de respect. Envers le travail d’autrui, par exemple:
Je crois que si j’étais réalisatrice de films ou créatrice de séries télé, cela me désespérerait de savoir combien de spectateurs regardent d'un oeil - voire un demi-oeil - ce que j’aurais créé avec beaucoup de soin et d’amour du détail. Cela m’agacerait que les gens regardent un nouvel épisode sans prêter attention aux premières images, en ratant la musique spécialement choisie pour les crédits, en tapant sur l’ordinateur en regardant.
Oh, moi aussi, je plie le linge pour m’occuper les mains, souvent, en regardant. Et il arrive souvent également que je cuisine en allumant une vidéo youtube en même temps.
Mais, aussi souvent que possible, j’aime prendre mon temps, me concentrer sur l’activité que j’ai choisie, que ce soit la cuisine, le sport, la rédaction d'un article, ou alors le visionnage d’un film - ce qui, pour moi, ne correspond pas à un loisir passif: au contraire, si on regarde un film qui mérite d’être regardé, tous nos sens - presque - sont mobilisés et toute notre concentration est requise. On s’est souvent moqué de moi parce que je m’insurge si on regarde un film-culte l’ordinateur sur les genoux, ou si on sort chercher des chips pendant le générique du début d’un film. Mais c’est l’exemple parfait qui démontre combien ce serait facile de changer d'habitudes, rien que pour voir l'effet que cela ferait.
Dans le monde dans lequel on vit, beaucoup vous diront que le multi-tasking est incontournable, à moins qu’on soit en vacances. Pourquoi ne pas s’approcher davantage d’un mode de vie comme celui qu’en mène en vacances? Car si le souci, c’est l’efficacité, je suis également convaincue qu’en voulant tout faire en même temps, on ne creuse plus rien, on reste à la surface. On devient complaisants, on pense qu’on sait déjà tout si on a survolé, feuilleté, jeté un coup d’oeil, juste mis un orteil dans l’eau, c’est bon, oui oui, j’ai été dans l’eau, et pendant ce temps, j’ai organisé une téléconférence et dressé ma liste des courses.
A vouloir faire trop de choses en même temps, on met aux oubliettes l’attention véritable qu’on peut prêter à une activité - ou à une personne. Car oui, je crois que les relations sociales elles aussi pâtissent énormément du multi-tasking et du dévouement à l’éternelle efficacité. Ne méritons-nous pas tous qu'on nous écoute avec attention, qu'on nous consacre plus que seulement 5 % de l'attention de notre interlocuteur, le temps d'une vraie conversation?
Je crois que le multi-tasking est inévitable comme solution de secours dans un monde qui va aux cent à l'heure...mais ce ne devrait pas être notre mode de fonctionnement par défaut, à mon humble avis.
Je m'en vais plonger dans la piscine de ce pas, sans téléphone, sans agenda, sans fer à repasser...oui, oui, ça peut se faire!
Je crois que le multi-tasking est inévitable comme solution de secours dans un monde qui va aux cent à l'heure...mais ce ne devrait pas être notre mode de fonctionnement par défaut, à mon humble avis.
Je m'en vais plonger dans la piscine de ce pas, sans téléphone, sans agenda, sans fer à repasser...oui, oui, ça peut se faire!